Les communs de village

Fours, fontaines, puits, lavoirs...

Biens communs, privatisés par des seigneurs au 18e siècle, ​puis rendus aux paysans à la Révolution.

Aujourd’hui, traces d’un passé communautaire.

Les communs de village, ou « terres vaines et vagues » (vaines car ces terres sont incultes et uniquement employées à ​la pâture, vagues car sans affectation ni propriétaire déterminés) ont très longtemps appartenu, par défaut, au ​seigneur de la localité. Au 18e siècle, afin de mettre fin au maintien en jachère de ces terres, quelques seigneurs vont ​se les attribuer et les concéder à des propriétaires privés, dépossédant ainsi les paysans, notamment les plus pauvres, ​de l’usufruit de ces espaces communs. La Révolution va attribuer ces terres vaines et vagues aux communes, par la loi ​du 11 juin 1793. Les seigneurs doivent rendre les terres acquises depuis 1669 par l’ordonnance de Louis XIV relative au ​triage. La loi sur le partage des terres donnait la possibilité aux communes de redistribuer les terres à condition qu’au ​moins un tiers de l’assemblée du village vote dans ce sens.

Dans l’Ouest, de nombreuses communes maintinrent leurs terres indivises, les paysans tenant à garder entier leur ​droit de pacage (de faire paître les bêtes) sur les terres non cultivées (le partage ne leur étant pas particulièrement ​favorable).

Aujourd’hui, ces terres sont juridiquement des biens indivis que seule la commune peut acquérir par expropriation ​(sans indemnisation) quand le bien n’est pas suffisamment entretenu par les habitants du village qui en ont la ​jouissance. S’agissant d’un droit strictement censitaire, seule l’adresse du propriétaire permet à celui-ci d’être ​copropriétaire d’un commun de village, droit qu’il cède en cas de déménagement.

Les lavoirs et les fontaines

Les lavoirs, construits principalement en granite dans notre région, sont édifiés pour la grande majorité au milieu du ​19e siècle, époque où le mouvement hygiéniste prend de l’ampleur, notamment après les grandes épidémies de ​choléra de 1832 et 1854. À partir de la fin du 19e siècle, la propreté physique est rapidement assimilée à la propreté ​de l’âme ; et le culte de l’hygiène se pratique désormais aux lavoirs. La commune possède encore de beaux lavoirs : ​celui de la fontaine Saint-Martin, le lavoir du Bois-Rignoux, déplacé sur les bords de l’étang du Choizeau ; certains, ​plus modestes, se trouvent dans les hameaux comme à Valais ou à la Coulée. Le lavoir de la fontaine Saint-Martin ​date, lui, du 15e siècle ! Construit en ovale, il compte 27 places et 7 battrins (lieux où l’on battait le linge). Le lavoir est ​alimenté par la fontaine, qui, dit-on, ne tarit jamais.

Jusqu’à la moitié du 20e siècle, les lavoirs facilitent le travail des lavandières et la communication. Les hommes ont les ​troquets, les femmes les lavoirs pour causer, voire cancaner. On y chante aussi pour se donner du courage, car la tâche ​est rude et le passage au lavoir n’est qu’une des trois étapes de la lessive.

Les puits

En France, l'eau courante n'a été accessible aux campagnes qu'à partir des années 60, ce qui laisse le souvenir d'une ​corvée quotidienne : la quête d'eau au puits. Toutefois, l'avènement de l'eau courante a également contribué à la ​désuétude des puits, certains étant même comblés pour éviter les accidents. Actuellement, des travaux de ​réhabilitation sont effectués pour honorer leur valeur patrimoniale.

Pour creuser un puits, l'aide d'un sourcier est indispensable. Celui-ci observe le sol, les flaques d'eau, la végétation, les ​vers de terre, les batraciens et peut également se servir d'une baguette de coudrier pour déceler la présence d'une ​source. Le puisatier, quant à lui, transmet son savoir-faire de génération en génération pour creuser le puits. Armé ​d'une pioche, d'une pelle, d'une corde, d'une chèvre en bois, il trace un cercle sur le sol, renforcé par de la chaux, avant ​de creuser en colimaçon pour progresser rapidement. Il descend seul dans les profondeurs du trou, muni d'une lampe à ​huile, pour chercher la source d'eau. Les puisatiers sont légion à avoir trouvé la mort en cherchant l'eau source de vie. ​Finalement, après avoir trouvé l'eau, le puisatier empile des pierres pour habiller les parois nues du puits, forme une ​couronne de pierres au-dessus du sol, une margelle et parfois même une petite toiture de tuiles. Les puits sont alors ​prêts à fournir de l'eau pour la nourriture, les animaux, la culture et le rafraîchissement. Les puits sont de véritables ​ouvrages d'art et constituent un patrimoine oublié, méconnu et méprisé.

Les fours

Autrefois, chaque village et presque chaque vieille maison possédait un four à pain. Pendant près de deux mille ans, le ​pain était la principale nourriture des hommes, qui en consommaient jusqu'à deux kilos par jour. Les grosses miches ​avoisinaient alors 10 kg. Les premiers fours étaient "banaux" et étaient construits par les seigneurs qui retiraient ​ensuite une redevance d'usage. Au XIe siècle, Philippe Auguste autorise les boulangers à construire leur propre four, ​suivi plus tard par Saint-Louis.

On commence alors, lentement, à construire des fours sur les communs de village.

Les piloirs et les pressoirs à pommes

Ce nom de piloir semble endémique ; on l’appelle ailleurs tour à piler ou, par métonymie, gadage et gadège, du nom ​de l’auge circulaire dans laquelle les pommes sont écrasées.

Il existait un piloir dans chaque grand village ; celui de Valais, d’une taille considérable, date de la fin du 19e siècle et ​a été entièrement restauré en 2014 par les bénévoles de l’association du Petit Patrimoine.

Dans la commune, il reste quelques vestiges d’anciens piloirs à Saint-Michel (jardin du restaurant Press’pomme), à ​Bellevue et à la Roche.

Les moulins

Fours, fontaines, puits, lavoirs...

Biens communs, privatisés par des seigneurs au 18e siècle, ​puis rendus aux paysans à la Révolution.

Aujourd’hui, traces d’un passé communautaire.

Les moulins à vent, essentiels dans le monde rural depuis leur introduction, ont marqué l'histoire par leur contribution ​significative à l'économie et à l'autonomie des communautés agricoles. Initialement centrés sur la mouture du grain, ​leur utilité s'est diversifiée, incluant des activités telles que le pompage de l'eau et le sciage du bois. Sous le régime ​féodal, ils représentaient un élément clé du système économique, générant des revenus pour les seigneurs tout en ​imposant aux paysans l'obligation de les utiliser pour moudre leur grain. L'évolution technologique et l'avènement de ​la Révolution industrielle ont cependant amorcé leur déclin, les nouvelles machines à vapeur et autres innovations ​rendant les moulins à vent obsolètes.

La vie des villages

Depuis quelques années, de nombreuses maisons se sont ​débarrassées de leur crépi pour dévoiler les belles pierres ​de granite, extraites des carrières environnantes ou ​d’anciennes constructions.

L’habitat rural

Les maisons rurales ont été édifiées entre le 18e siècle et la fin du 19e. Les habitations anciennes présentent une façade ​nord quasi aveugle : celle-ci n'était percée qu'à l'endroit de la porte de service ; les ouvertures principales occupent la ​façade sud. Les murs épais, larges de 60 à 90 cm, sont composés de deux parements de pierres de taille (moellons), ​entre lesquels est déposé un amas de petites pierres. Pour consolider l’ensemble, on place des boutisses, pierres de ​taille qui traversent l’ensemble du mur, qui vont servir d’agrafe. Les fondations sont souvent peu profondes et reposent ​sur un sol compact (roche de granite, par exemple) ; une assise en pierre plate, maçonnée au mortier de chaux grasse, ​permet au mur d’être édifié.

Les villages de La Pâquelais

Voici un document qui décrit les différents villages de La Pâquelais en 1850. Evidemment, tout cela a bien changé !

Deux associations et une revue qui font vivre le ​passé rural

L’association du Patrimoine de Pays et l’Ecomusée rural du ​pays nantais nous plongent dans le passé rural du ​territoire.

Le Patrimoine de Pays

L'Association du Patrimoine de Pays se consacre à la valorisation de la culture et du patrimoine local. Sa création vise à ​offrir un éventail d'activités telles que visites guidées, conférences, expositions et animations ludiques pour permettre ​à ses adhérents d'explorer l'histoire, les traditions et les atouts de leur territoire. En parallèle, l'association enrichit son ​programme par des activités de détente comme les randonnées et sorties en groupe, favorisant les rencontres et ​l'échange entre membres autour d'intérêts communs. Joseph Bézier, ancien maire de Vigneux, est actuellement le ​président de l’Association.

Marcel Poulizac

Marcel Poulizac a été président fondateur de l'association du petit Patrimoine de Pays. Il est l’auteur de plusieurs ​ouvrages sur Vigneux et La Pâquelais (Vigneux de Bretagne au fil des jours, Des pierres qui murmurent, Les annales ​étonnantes, etc). En reconnaissance de son engagement profond dans le projet de rénovation, le lavoir de l’étang du ​Choizeau porte désormais le nom d'"Espace Marcel Poulizac". Le site Histoloco.com lui rend hommage et tache, à sa ​manière, de faire vivre et de poursuivre son oeuvre.

L’écomusée rural du Pays nantais

L'écomusée rural de la Pâquelais présente des expositions sur les métiers anciens, une maison traditionnelle, et un ​village artisanal reconstitué. Avec 5000 pièces exposées, le site offre une immersion authentique dans le patrimoine ​rural disparu, incluant des outils et machines anciennes. On y découvre la vie d'antan à travers la maison du Vignolais, ​le four à pain, et d'autres ateliers, pour une expérience enrichissante.

Le site de Vigneux comprend un moulin et une minoterie artisanale restaurés en 2005, offrant une plongée dans ​l'histoire de la meunerie et la fabrication de la farine à travers une visite guidée. Il est animé par Anaïs Seddiki et de ​nombreux bénévoles.

Les fondateurs et les acteurs majeurs de l’écomusée

L'écomusée a été établi en 1990 par Yves Gillardeau et Pierre Jochaud dans le but de préserver le vieux matériel ​agricole. En 1993, Paul Robert a rejoint l'équipe en qualité de secrétaire adjoint. Il met en avant l'enthousiasme et la ​détermination d'une trentaine de bénévoles, principalement des couples d'agriculteurs retraités, qui cherchent à ​transmettre leurs connaissances et leur mode de vie.

Paul Robert a marqué la fin d'une ère significative en novembre dernier, en quittant la présidence de l'Écomusée rural ​du pays nantais à Vigneux-de-Bretagne, poste qu'il a honoré depuis 1998. Sa passion pour le patrimoine et l'histoire ​locale a été le moteur de son engagement.

Le Petit Journal - hommage à Claude Ménager

Le Petit Journal de Vigneux-de-Bretagne, mensuel d’information municipale, est né à la fin des années 1980 sous ​l’impulsion de Claude Ménager, longtemps maire de la commune. Le site histoloco.com s’est beaucoup inspiré des ​longs articles de cette revue, qui retraçaient l’histoire de la commune et de son patrimoine. Nous rendons hommage à ​Claude pour tout ce qu’il a fait.