Les paroisses
Avant la Révolution française de 1789, la paroisse joue un rôle central dans la vie des communautés.
Ne se résumant pas organiser le culte, elle en est l’épicentre social et souvent économique.
La paroisse et le clergé avaient une influence considérable sur la vie quotidienne des gens.
Le fonctionnement d’une paroisse avant la Révolution
Avant la Révolution française, les paroisses avaient un double rôle en tant qu'unité administrative et circonscription ecclésiastique. Elles étaient sous la direction d'un curé et regroupaient les fidèles d'une zone géographique donnée. Chacune d’elles possédait sa propre église. Les hommes de la paroisse se réunissaient en conseil (“la fabrique”) pour discuter de questions locales ou élire les marguilliers, des laïcs chargés de la gestion des biens de la paroisse.
Les paroisses étaient également des subdivisions administratives qui remplissaient diverses fonctions civiles, telles que la collecte des impôts ou l'organisation de la milice royale. Les registres de baptêmes, mariages et décès, tenus par le curé, étaient les seuls registres d'état civil avant la création de l'état civil laïque pendant la Révolution française. Dans certaines circonstances, les paroisses pouvaient être impliquées dans la justice locale.
Les paroisses avait un rôle social : Elles prenaient en charge les pauvres, les malades, les orphelins et les personnes âgées. Elles étaient souvent des lieux d'éducation primaire, où les enfants apprenaient les bases de la lecture, de l'écriture et du catéchisme.
Le calendrier liturgique et les fêtes religieuses régissaient la vie sociale et les cycles agricoles.
Guerre de religion et guerre de clocher
À la fin du 11e siècle, un acte de donation confirme la présence d’une communauté chrétienne à La Pâquelais. La paroisse de Vigneux date du 13e siècle. La Pâquelais et Vigneux vont connaître des tensions importantes à partir de la moitié du 16e siècle. Les guerres de religion finissent par séparer la communauté chrétienne. Sous l’influence de la famille de Rohan, calviniste, la frairie de La Pâquelais devient protestante et terra non grata pour les catholiques. Ces derniers sont alors contraints de se rendre à Vigneux pour pratiquer leur culte. Le recteur Jan Le Grand fait agrandir la chapelle du village de Vigneux pour accueillir les Pâquelaisiens, tout en essayant d’agir en médiateur entre les deux communautés rivales. À la révocation de l’Édit de Nantes, les Pâquelaisiens ne veulent pas être sous le joug paroissial de Vigneux. Aussi, sous l’égide de Théophile Ceineray, notaire et propriétaire du Bois-Rignoux, ils font bâtir une nouvelle église. En 1851, une année après l’édification de l’église, le diocèse accepte de reconnaître La Pâquelais comme nouvelle paroisse. La tension est intense entre les deux bourgs : Vigneux a, depuis 1813, le projet de rebâtir une nouvelle église, la sienne étant en ruine. Les Vignolais mettent tout leur cœur pour concrétiser leur projet et ne pas laisser le clocher de La Pâquelais faire de l’ombre à leur paroisse. En 1860, l’église Saint-Martin voit enfin le jour. Le territoire de Vigneux-La Pâquelais a connu pendant des décennies une vraie guerre de clocher ; certains anciens de la commune s’en souviennent encore... Depuis 1980, les deux paroisses sont associées ; elles s’unissent, quelques années plus tard à celle du Temple pour, en 2002, n’en former qu’une seule avec celles de Saint-Etienne-de-Montluc et de Cordemais.
Le découpage des paroisses en frairies
On trouve les frairies essentiellement sur le territoire breton.
La Pâquelais a dû compter au moins trois frairies : celle du bourg : « La Sainte-Trinité », celle de La Madeleine : « Sainte-Marie-Magdeleine », et celle de La Boissière : « Saint-Hubert ». Vigneux compte, elle, six frairies : la frairie du bourg : « Saint-Martin » ; la frairie de la Boucarderie : « Saint-Joseph » ; la frairie de la Biliais-Deniaud : « Saint-Michel » ; la frairie de la Roche : « Saint-Pierre » ; la frairie du Buron : « Saint Charles » ; la frairie de la Jambinière : « Saint-Jean ».
Fonctionnement de la paroisse de Vigneux avant et après la Révolution
La notion de paroisse est essentielle dans l’histoire d’une commune rurale comme celle de Vigneux. Avant la création des municipalités (lois de décembre 1789), la communauté vignolaise était régie par le général de fabrique, assemblée constituée le plus souvent de 17 personnes (le curé de la paroisse, le sénéchal, le procureur du seigneur, les deux marguillers – nommés pour une année – et douze anciens marguillers) ; c’est la fabrique de paroisse qui administre les affaires dites « temporelles » de la population dont elle a la charge. Les deux marguillers en fonction ont la responsabilité des revenus (quêtes, loyers de fermages, offrandes…) et des dépenses (entretien des lieux de culte, notamment).
Les lieux de culte
Deux églises, deux cimetières et des croix de chemin à “tout bout de champ”.
L'idée d'une église paroissiale remonte aux premiers siècles du christianisme, où la communauté locale se réunissait. La construction des premières grandes églises remonte au 11e siècle, période où “la France est le théâtre, entre le 10e et 12e siècle, d’une remarquable régionalisation du pouvoir, depuis la formation des principautés territoriales jusqu’à l’échelon élémentaire de la seigneurie châtelaine” (Jean-Hervé Foulon, Histoire du christianisme en France, 2014).
Au 19e siècle, un quart des églises ont été rebâties. Dans l’Ouest, l’art gothique est alors en plein renouveau. Les églises de Vigneux et de La Pâquelais sont de style néogothique.
L’église Saint-Martin de Vigneux
L’église de Vigneux date de 1860 ; elle est bâtie sur les ruines de l’ancienne. Avant la reconstruction de celle-ci, les chrétiens de la paroisse se réunissaient dans une église provisoire appelée « église en paille », à proximité de l’école Sainte-Anne. L’église actuelle se compose très classiquement d’une nef, d’un transept et d’un chœur surélevé. Parmi les éléments remarquables, on peut noter les huit vitraux (ceux situés au sud ont dû être remplacés à la suite du bombardement du bourg le 12 juillet 1944 par des escadrilles d’avions-alliés), un chemin de croix du peintre Alfred Sauvage, ainsi que plusieurs éléments de l’église primitive : les fonts baptismaux, la statue de Saint-Martin et l’autel de marbre, qui avait pris place dans le petit calvaire jusqu’en 2010. À noter qu’une statue de Saint-Roch et son chien a également été retrouvée dans les fouilles de l’ancienne église.
L’église Sainte-Trinité de La Pâquelais
L’église de La Pâquelais date de 1850 ; elle est bâtie sur les ruines d’une ancienne chapelle. De construction assez simple, elle se compose d’une nef et d’un chœur surélevé. Les deux vitraux représentent pour l’un saint Isidore (patron des paysans), pour l’autre saint Pierre (premier pape de la chrétienté). En 1884, on installe une cloche mais, en 1937, le clocher prend feu. Elle sera remplacée par une autre quelques mois plus tard. La croix qui dominait le clocher incendié se trouve au village de la Hunelière. En 1999, on retire le vieux crépi et on consolide les fondations. Depuis 2021, l’église est fermée au public, sa construction ayant été fragilisée.
Les chapelles
À Vigneux, la croix de chemin de la Metrais a remplacé l’ancienne chapelle Saint-Michel. La Pâquelais comptait au moins trois chapelles, aujourd’hui disparues.
Les cimetières
Suite à l'abrogation de l'édit de Nantes en 1685, l'église de La Pâquelais fut requalifiée en tant que chapelle, dont le service était assuré par les vicaires. Toutefois, jusqu'à la Révolution de 1792, deux cimetières différents existaient, chacun entourant les églises des bourgs respectifs.
Cette situation perdura jusqu'en 1851, date à laquelle la Pâquelais retrouva son autonomie avec un nouveau cimetière situé en dehors du bourg.
En 1845, un nouveau cimetière a été établi au nord-ouest du bourg, sur un terrain donné à cet effet par Charlotte Ménager, épouse Rousset, installée au bourg. Cette femme était la sœur de Monsieur Ménager, maire de Vigneux sous la Restauration.
Les croix de chemin et les calvaires
LLes croix sont souvent érigées à la suite d’un événement familial (heureux ou malheureux), en signe de dévotion. En 1926, l’abbé Chatellier a entamé l’inventaire des croix de la commune. Ce travail a été poursuivi par d’autres et publié en 2001 dans l’ouvrage Des pierres qui murmurent. On compte 76 croix de chemin ou calvaires sur le territoire de Vigneux – La Pâquelais. Assez étonnamment, parmi celles-ci, nombreuses sont de forme pattée curviligne. Les croix ont commencé à être édifiées au tout début du 12e siècle. La plus ancienne de la commune date de 1163 ; elle se trouvait au moulin de Malécot, mais elle a été déplacée en 1859 à la Rivière du Moulin. Celle de la Géraudière, extrêmement rustique, pourrait également être très ancienne. La croix du Buron a été bénite en 1858 par le vicaire général de Nantes devant une assemblée de 500 personnes. La croix de la Choutière se trouve dans un enclos et Mme de Meylient, née Hersart de la Villemarqué, l’aurait toujours appelée « mon calvaire ». La croix des Quatre paroisses a été érigée en 1801 et indiquait la limite entre Fay, Grandchamp, Treillières et Vigneux. La croix de Gesvres a été fixée sur une pierre levée du néolithique, un menhir de 2 mètres de hauteur. La croix du Chemin jugé a été implantée près du Buron, à la suite d’un procès intenté à M. Hersart de la Villemarqué en 1834 au sujet dudit chemin.